Quand j’ai découvert la démarche zéro déchet, il y a deux ans et demi, j’ai commencé par des changements « faciles » comme acheter systématiquement nos fruits, légumes et produits secs en vrac dans des sacs en tissu réutilisables, utiliser des savons solides pour me laver le corps et les cheveux, remplacer les disques démaquillants par des cotons réutilisables, bannir le papier essui tout de la cuisine… Progressivement, le contenu de notre poubelle s’est réduit, notamment celle des ordures ménagères.
Mais il restait quelque chose pour lequel je n’avais pas encore de solution : les biodéchets (déchets alimentaires et déchets verts) ! Et ils avaient même tendance à augmenter dans la mesure où je cuisinais davantage. Les épluchures de fruits et légumes et autres biodéchets s’accumulaient pendant une bonne semaine voire plus avant que notre petit sac poubelle ne soit plein et qu’on le descende à la benne, avec parfois l’heureuse surprise que le processus de décomposition ait commencé et qu’un très appétissant jus de poubelle s’échappe du sac. Beurk !!!
Alors, quand on a acheté notre appartement avec deux grands balcons dans une petite copropriété, je me suis dit que c’était le bon moment pour s’attaquer à cet épineux problème des biodéchets, qui représentent un tiers des déchets ménagers d’un Français moyen et étaient devenus l’essentiel de nos poubelles. Et pourquoi ne pas les valoriser alors qu’ils pourraient venir enrichir la terre et les plantes autour de nous ? Il fallait donc trouver une solution !
Franchement motivée, j’ai déjà investigué les solutions collectives. Je me suis renseignée sur les composteurs de quartier à Marseille. Le seul que j’ai alors trouvé était celui des allées Gambetta, dans le 1er arrondissement. Habitant dans le 8ème, il n’était pas envisageable que je transporte nos biodéchets jusque-là, d’autant que j’avais entendu dire qu’il était victime de son succès et devait refuser des gens. Première piste écartée !
Après quelques recherches, j’ai découvert que la métropole incite au compostage en pied d’immeuble en proposant des composteurs et un accompagnement d’une durée d’un an à tout groupe d’une quinzaine de foyers, en échange d’une contribution symbolique. Or, notre copropriété comprend un tout petit jardinet entre notre immeuble et celui d’à côté. Et l’assemblée générale annuelle approchait. Une réunion préparatoire était même déjà fixée. J’en ai profité pour y exposer mon idée : installer un composteur dans le jardinet pour les foyers de notre immeuble et de celui d’à côté.
Un autre copropriétaire, jardinier en herbe, a tout de suite adhéré. Il a même suggéré que, si l’on n’atteignait pas les quinze foyers intéressés, on achète nous-mêmes un composteur pour l’installer. Les autres résidents ne se sont alors pas opposés. Mais le jour de l’assemblée générale, quand ce point est arrivé au vote, la majorité des copropriétaires ont voté contre, craignant que cela génère de mauvaises odeurs et attire les nuisibles. Deuxième piste écartée !
Je me suis alors penchée sur les solutions individuelles. Pour les citadins résidant en appartement, on parle essentiellement de lombricomposteurs. Quand j’étais petite, mon père avait fait un élevage de vers, dans un grand pot de terre. J’adorais les observer et jouer avec eux. J’étais donc enchantée à l’idée de retrouver mes copains d’enfance et de leur donner nos épluchures et restes de nourriture. Mais mon compagnon, beaucoup moins… Il n’était pas très emballé à l’idée d’introduire des vers dans notre appartement et craignait les odeurs que le lombricomposteur pourrait dégager. Sur le balcon, pourquoi pas, mais les vers auraient sûrement grillé en été, sous le soleil pendant plusieurs heures. Troisième piste écartée !
En écoutant le podcast « Bons plants » (que je vous recommande vivement), j’ai entendu une parisienne, dont le balcon est une véritable forêt vivrière, parler de son compost sauvage, un simple pot en terre dans lequel elle met ses biodéchets en équilibrant au fur à et mesure avec des éléments carbonés. Je me suis alors dit : pourquoi perdre autant de temps et de biodéchets en cherchant la technique idéale ? Il faut se lancer et cette solution ultra simple mérite d’être testée ! Au pire, si ça ne fonctionne pas, on n’aura rien perdu…
On avait un pot en terre de 30 cm de hauteur sur 30 cm de diamètre (avec un trou au fond), qui ne nous servait pas. J’ai donc décidé que ce serait notre composteur. J’ai commencé à y déposer toutes nos épluchures de fruits et légumes, coupés en petits morceaux. Pour équilibrer les apports en azote (qui sont majoritaires dans les fruits et légumes) et en carbone, j’ai ajouté au fur et à mesure des feuilles mortes, des boîtes d’œufs découpées, des vieilles poches en papier craft trop abimées pour être réutilisées… Pour accélérer le compostage en l’aérant, j’ai mélangé à chaque fois le contenu du pot. De juin à novembre, ce pot a absorbé tous nos biodéchets (hors restes de viande et croûtes de fromage), que j’ai vu réduire et se décomposer, aidés par la chaleur de l’été et l’automne indien. Première solution validée !
Mais avec l’arrivée de l’hiver, la décomposition s’est ralentie et il fallait que je trouve une autre solution si je voulais laisser le compost maturer et obtenir un beau terreau pour nos plantations de printemps. J’avais entendu parler du Bokashi par un copain. Après quelques recherches, je me suis dit que ce serait une bonne solution complémentaire. Bokashi signifie « matière organique fermentée » en japonais. Dans un seau à compost doté d’un petit robinet, on saupoudre des micro-organismes efficaces (EM) sur ses déchets alimentaires. Ces bactéries naturelles accélèrent la décomposition de la matière organique et suppriment les odeurs. Au bout de quelques jours, on récolte par le robinet du jus de Bokashi qui, dilué à vingt fois son volume d’eau, fait un très bon engrais naturel. Et la matière organique fermentée donne un compost très riche car les aliments ne chauffent pas et préservent tous leurs nutriments. On évite aussi la production de gaz à effet de serre !
N’en ayant pas trouvé un qui me convienne dans les commerces autour de chez nous, j’ai commandé un seau à robinet sur Internet avec un sac d’un kilo de son de Bokashi (on n’utilise que 20 g de cet activateur de fermentation à chaque fois donc un sac dure longtemps) pour environ 50 euros. Je l’ai placé dans la cuisine. De décembre à début février, j’y ai déposé tous nos déchets alimentaires (même le gras de viande et les croûtes de fromage ; il parait qu’on peut aussi y mettre les crottes de chien et de chat !) par couches homogènes en les tassant au fur et à mesure et en les saupoudrant du son de Bokashi. Quand on ouvre le couvercle hermétique du seau, une légère odeur acide se dégage mais ça n’a rien d’écœurant (et pourtant, étant enceinte, je suis plus sensible aux odeurs).
Une fois le seau rempli, j’ai laissé le contenu fermenter pendant encore une quinzaine de jours avant de le mélanger à de la terre (50/50) dans un grand bac de culture et de le recouvrir d’une autre couche de terre. Dans quelques semaines, j’obtiendrai un terreau enrichi en EM, qui donnera à nos plantes de l’énergie et les protégera contre les bactéries et parasites. Avec tous ces bons apports, les légumes et plantes aromatiques qu’on prévoit de cultiver sur nos balcons dès le printemps vont nous remercier !
Jeanne
Bonjour,
il y a quelques semaines, j’ai lu votre article que j’ai trouvé très intéressant. Je pensais faire de même .. mais cela m’ennuyait d’acheter le son de Bokashi de manière régulière alors que normalement, la fermentation est alimentée par des micro-organismes qui étaient de tout manière produite et reproduite lors de la fermentation et donc fortement présent dans le sceau… Cette question me tourmentait l’esprit… Aujourd’hui, après avoir lancer une recherche internet, j’ai ma réponse : oui, on peut créer son activateur soi-même : https://www.laetitialorniac.com/bokashi-diy-activateur/ ; voilà, c’est pour ceux qui se poserait la même question.
Xavier
Merci beaucoup pour cette info !