Dans une lettre ouverte adressée à la Fiesta des Suds le 23 Octobre 2018, les associations Zero Waste Marseille et 1 Déchet Par Jour dénoncent le manque de démarche éco-responsable du festival La Fiesta des Suds à Marseille, appuyés par de nombreuses associations locales. A ce jour, nous n’avons toujours pas eu de réponse des organisateurs.
» Monsieur Aubergy,
La Fiesta des Suds, forte de ses vingt-sept éditions, est un événement incontournable dans le paysage culturel local et bénéficie d’un rayonnement national indéniable qui profite à notre région et à notre ville. Des milliers de spectateurs fréquentent cet événement chaque année, venus d’ici et d’ailleurs, réunis autour d’une programmation éclectique et plurielle.
Si nous nous adressons à vous aujourd’hui, c’est pour vous faire part de notre indignation et incompréhension face à l’inexistence d’une démarche éco-responsable lors de cette 27ème édition du festival.
Indignés d’abord, quand plusieurs citoyens nous alertent au lendemain du début du festival sur l’état de malpropreté du lieu en fin de soirée, accompagnant leurs messages de photos et vidéos probants que nous ne manquerons pas de vous transmettre. Nous avons observé les mêmes faits sur place le lendemain, constatant certes le manque de civilité du public mais surtout un sérieux manque de moyens pour y faire face. Absence de poubelles de tri visibles, des poubelles noires majoritairement concentrées sur une zone du festival (près des food-trucks), et disparition des pourtant célèbres gobelets réutilisables.
Au bar, quand nous demandons à être servi dans les gobelets réutilisables que nous avions apportés avec nous, chaque serveur argumente son refus : l’hygiène, les contraintes imposées par le sponsor, le manque de moyens, la facilité, … Mais personne ne contredira cette affirmation : la foule laisse place à un J4 disparu sous un tapis de gobelets jetables en plastiques, à deux mètres de la mer. Faisons alors une estimation basse, estimant que 5 000 visiteurs consomment deux boissons. Nous en arrivons à 10 000 gobelets qui finissent à la poubelle – et donc à l’incinérateur – si le mistral ne s’invite pas à la fête. Sans compter ce que nous appelons le « sac écologique » de ce gobelet, à savoir toutes les matières premières, les énergies et la pollution que sa fabrication et sa destruction requièrent ou engendrent.
Etonnés ensuite, quand nous relisons les propos de votre collègue Jean Hubert en 2012 pour la plateforme Aèr indiquant « Une prise de conscience, comme beaucoup, que les associations ont une responsabilité vis-à-vis de leur public et de la société et qu’en termes environnementaux, nous pouvions nous améliorer. C’était il y a 5 ans. » et annonçant plus loin l’achat d’« un stock de gobelets en plastiques lavables ». Ou encore « Évidemment, nous pratiquons le tri sélectif en interne et en mettant à disposition du grand public les équipements nécessaires. Nous avons aussi une brigade de volontaires dédiés à cette question, fortement facilitée depuis qu’il y a les gobelets réutilisables qui ont permis de limiter les volumes de déchets ». Nous en profitons pour saluer l’effort vain de certains des food-trucks présents, comme El Santo Cachon, pour proposer des contenants recyclables ou compostables en fibres végétales, qui n’ont pas la possibilité d’être recyclés correctement.
Nous n’avons donc à priori pas besoin de vous rappeler l’importance d’une démarche écoresponsable pour un si grand événement, ni votre responsabilité environnementale ni encore votre rôle de sensibilisation, à cette époque de l’année où la question de l’écologie fait l’actualité en permanence. Enfin nous n’avons pas besoin de vous apprendre qu’il existe de nombreuses alternatives pour un événement en accord avec son temps, et de nombreux dispositifs et associations pour vous accompagner.
Et pourtant nous nous sentons obligés de vous rappeler que des associations comme les nôtres, portées par leurs « BénéLoves », travaillent dur chaque jour pour promouvoir une consommation plus durable et des comportements quotidiens plus respectueux de notre environnement. L’édition 2018 de la Fiesta des Suds va à l’encontre même de ce travail que nous menons et confirme l’image d’incivilité et d’insalubrité dont souffre notre belle ville, la mer méditerranée et ses habitants.
Nous finirons en citant l’entreprise EcoCup qui, pour répondre à la question « Vaut il mieux nettoyer ou ne pas salir ?», affirme que « la propreté invite à laisser un espace propre, renforce le sentiment de sécurité, de bien-être ».
Nous espérons que ce courrier saura vous faire réagir et agir différemment pour les éditions du festival à venir, et que vous comprendrez que les associations engagées pour l’environnement se doivent d’alerter le public sur ces sujets qui fondent notre conviction et nos valeurs.
Fiona Cosson – Zero Waste Marseille et Edmund Platt – 1 Déchet Par Jour »